L’hiver il est rangé, protégé dans l’atelier sous la table pour ne pas gêner.
Il est un peu sale à l’intérieur.
Il est vert en plastique un peu cabossé par tant d’étés.
Il vient de Chine, peut-être.
Il est arrivé là pour travailler.
Indispensable il l’est et il le sait.
Les fleurs s’étiolent assoiffées, courbent l’échine, l’attendent, l’espèrent et quelques fois désespèrent de le voir arriver.
C’est l’été, le soir l’heure de la rencontre.
Il m’emmène, je l’emmène dans mon jardin.
Je l’écoute se remplir et se vider.
Il prend la place de la télé, de la broderie, de la lecture.
Il maintient la vie, garde les couleurs et les senteurs, se glisse sous les branches où doucement il se penche pour ne pas les casser.
Un arrosoir c’est l’enfance, le tendre, c’est l’envie de grandir, et en prendre un petit pour aider Mamie.
C’est un compagnon bien tenu dans la main. Avec lui on se promène, on regarde, on glisse, on espère en entendant l’eau couler.
Il est des soirs où on voyage, où on arrose la mémoire des autres jardins. On s’assoit sur un banc.
Il y a les soirs lourds, où il est lourd, où il faut s’obliger à le porter. Tout est sec. On est fatigués.
Alors commence la valse de l’arrosoir, celle de l’espoir qu’il faut secouer, car lui il le sait le Monde est au fond du jardin.