Balade de l'ordinaire
Balade de l’ordinaire
J’ai vu des éoliennes plantées dans la neige et deux grandes bassines en fer posées sur une terre labourée.
J’ai vu une maison âgée aux volets fermés. Sur le toit par endroit il n’y avait plus de tuiles, sinon les autres, celles qui restaient étaient recouvertes de mousse verte et un peu marron.
J’ai vu beaucoup d’arbres sans feuilles et des poteaux électriques en bois qui dégoulinaient de goudron bien noir.
J’ai vu des nuages gris et un peu blancs suspendus dans le ciel bleu. Le vent ne les faisait pas plus bouger que les feuilles mortes sur lesquelles je posais les pieds.
J’ai vu sur la route grise des ombres s’allonger pour la traverser et des petits tas de terre collés par endroit comme de la pâte à modeler.
Comme de la pâte à modeler
J’ai vu de petites feuilles argentées qui tremblotaient dans une haie. Dans le fossé juste à côté il y avait de la glace. Je l’ai entendue qui fondait.
La glace qui fondait
J’ai vu une ronce s’enrouler autour d’un poteau en fer gris clair. Il était encerclé d’un bracelet avec une inscription sur un plastique bleu.
Plastique bleu
J’ai vu un oiseau sur une antenne de télé. D’autres au loin chantaient avec le bruit des mouches.
J’ai vu des marques de pas, des fossiles éphémères de semelles de chaussures qui montaient régulièrement la côte d’un chemin.
Fossiles éphémères
J’ai vu ma maison au loin, bien loin après les vallons et les prés.
J’ai vu les piquets qui faisaient comme des frontières qui montaient et descendaient dans les pâturages.
J’ai vu l’eau briller dans un petit ruisseau caché au pied d’un gros arbre.
J’ai vu un portail ouvert à l’entrée d’une forêt.
A l'entrée de la forêt
J’ai vu une femme qui écrivait en marchant sur un petit carnet rouge avec un crayon rose.
J’ai vu la jeunesse fuir son visage.