En cette fin d’été je vous invite à une lecture « ensoleillée » d’un extrait de mon journal « Tour du monde » que je n’avais pas pu publier » en temps réel ». Merci de votre fidélité à ce site.
Extrait de mon journal « Tour du Monde »
Dimanche 23 mars 2013
Dimanche des rameaux – Arrivée à Cochin (Kochi)
La tête penchèe sur mon ordinateur, je regarde par hasard vers la terrasse de notre cabine. Une île envahie de palmiers au milieu d’une végétation luxuriante bordée par des maisons avec des filets de pêcheurs jetés dans la mer passe devant nous.
Vite nous nous précipitons. Il est 11 heures, l’arrivée n’étant prévue qu’à 12 h nous ne pensions pas avoir un tel spectacle si tôt. Arrivés sur le pont une autre île elle aussi toute verte dominée par une très belle maison coloniale s’allonge et se dérobe à nos yeux au fur et à mesure que nous avançons sur cette mer d’huile.
D’autres petites îles sont posées au milieu de l’océan devant un immense pont sur l’horizon. Un très long cargo attend « No smoking » pour le carburant. Derrière lui quelques immeubles donnent du relief aux côtes vers lesquelles nous nous dirigeons. De l’autre côté de petites pirogues se promènent à proximité de plus gros bateaux remplis de passagers qui nous saluent. Il fait très chaud. Impossible de rester au soleil. Je tire un transat à l’ombre où j’écris ces quelques lignes en direct. Ce n’est pas facile. Les images d’hier sont encore présentes et déjà s’en superposent d’autres qui m’enchantent également. Je suis un mille feuilles d’images et d’émotions et les yeux embués devant tant de belles choses, j’ai l’impression de me répéter. Tout est beau dans ces arrivées aux ports parce-que jamais imaginé et chaque fois c’est une surprise inégalée dans sa spécificité. Rien n’est jamais pareil. Ici il y peu de containers mais quelques grues décorent le ciel. Toutes ces petites îles massifs de verdure au milieu du bleu de la mer sont étonnantes et adoucissent l’aspect industriel prononcé par de gros silos bleus, jaunes et gris. Des oiseaux blancs au vol élégant atterrissent sur un pilot en forme de Tour Eiffel miniature qui leur sert de promontoire.
Nous sommes amarrés et le pilote embarqué à 10 h est débarqué. La terrasse de notre cabine donne sur le quai où descendront tous les passagers. Pas de mot de bienvenue peint sur les tuiles, pas de nom de port, pas de terminal. Peu de grues, des monticules de déchets de ferrailles, que je prends d’abord pour du gravier. Des hangars paraissent abandonnés au bord d’une immense esplanade cimentée. Un transbordeur bleu ciel trône à proximité d’une dizaine de containers échoués dans ce désert industriel qui paraît être voué au passé. La seule activité ce sont des policiers matraque à la main, fusil en bandoulière qui vont et viennent dans leur uniforme kaki uni ou kaki camouflage multitaches. Des cars sont déjà placés et quelques taxis bien alignés sont un peu plus éloignés. Paradoxe, pour nous accueillir un orchestre tout coloré
joue une musique sans mélodie aux sons répétitifs de tambours et bruits métalliques. Un danseur peint en bleu une lance à la main exécute une chorégraphie guerrière. Ils se laissent volontiers photographier par les premiers croisièrsites descendus à quai. La chaleur est de plomb. Nous ne sommes pas pressés. Notre excursion est pour le lendemain matin.
Nous irons seulement marcher un peu vers 16 h. En attendant je me consacre à l’écriture.
Notre petite randonnée pour prendre l’air a tourné court. Nous étions poursuivis par des conducteurs de Tuc Tuc
qui voulaient absolument nous emmener en ville. Nous pensions les avoir semés mais l’un d’eux est monté dans son véhicule et nous a suivi assez loin en nous abordant de façon persistante. C’était épuisant nous avons cru ne pas nous en débarrasser et une fois que ce fût fait en acquiesçant pour une visite « ok to morrow » nous sommes rentrés.
Nous nous sommes rafraichis à la piscine où j’ai fait plusieurs longueurs. Je n’y vais que lorsque nous sommes à quai pour profiter un peu de la tranquillité. Les jours de mer, tous les transats sont occupés et la piscine trop encombrée.
Un orage a animé notre soirée. Les derniers cars d’excursion sont rentrés sous des trombes d’eau. Les animateurs de Costa faisaient un ballet de parapluies jaunes pour aller récupérer les croisièristes à la sortie des cars.
Lundi 25 mars 2013
Une matinée en excursion à Cochin. « Culture de Kerala – tour au Village –
Cochin est une ville située dans l’Etat fédéral indien du Kerala qui est un des ports maritimes principaux de l’Inde. A la fin du 11ème siècle, ce fût un important centre pour le commerce des épices. Cochin est actuellement l’une des principales villes portuaires du pays, où transitent 4.800.000 tonnes de marchandises par an. Notamment des produits agricole et forestiers à destination de l’étranger. C’est un carrefour d’échanges entre l’Asie et le Moyen Orient L’activité liée à la pêche est très importante ainsi que les industries alimentaires et pétrochimiques. Notre guide s’appelle Jacob. Il parle uniquement en Anglais. Grâce à des protèges tête immaculés posés sur tous les fauteuils, notre car a un air de propreté appréciée. Nous quittons le port pour le village de Kumbalangui.
Pour s’y rendre la traversée du centre ville de Cochin ne nous laisse pas indifférents, tant la saleté côtoie la vie des habitants. Chacun à l’air d’aller à ses activités dans une ambiance de cacophonie de bruits et de couleurs. Sur les trottoirs, des femmes en sari, des hommes en pagnes-paréo, des étudiants en uniformes, des écoliers avec des sacs au dos, des ouvriers à vélo, tous se mélangent et suivent leur objectif. Sur des chantiers j’ai vu des ouvriers travailler à mains nues le ciment, faire un niveau avec une petite ficelle les pieds nus sur des tas de gravas. Les uns les autres s’arrêtent devant les échoppes rudimentaires qui offrent quantité de fruits, de légumes,de poissons frais et de tissus. Les gens ont l’air propre ce qui me rend admirative tant il y a de poussière, de détritus, de cours d’eaux emplis d’immondices. Les Tucs-Tucs se faufilent aisément au milieu d’une intense circulation de cars, de camions, de voitures, de motos, d’engins de chantier, et de vélos. Le code de la route est largement agrémenté de multiples coups de klaxons et chacun à l’air de s’y retrouver.
Premier arrêt : On nous remet à tous un joli chapeau chinois
avant d’embarquer sur une pirogue. Nous naviguons sur les eaux tranquilles d’un ensemble de lagunes et de lacs. Au pied d’un palmier un homme nous attend. Il grimpe à pieds nus entourés d’une sangle en haut d’un cocotier. On l’entend frapper de plusieurs coups secs les noix de cocos. Prestement il redescend et nous offre du lait de coco. Nous admirons les filets de pêche chinois soutenus par de grandes constructions en bois qui sont utilisés à marée haute et pour lesquels il faut au moins quatre personnes pour les faire fonctionner normalement. Cela nous rappelle les carrelets de l’estuaire de la Gironde. (La pêche au carrelet est très pratiquée sur les côtes de Charente-Maritime et dans les estuaires de la Charente et de la Gironde). Nous descendons du bateau pour nous promener dans le village : un éco musée où nous découvrons les différents métier d’autrefois.. La pêche au crabe, le toddy tapping qui consiste à marteler et inciser les inflorescences du cocotier pour en extraire la sève, la préparation des clams que nous goûtons et trouvons délicieux. Plus loin deux femmes tissent les feuilles de cocotier pour couvrir les toits (l’oola madayal) pendant que d’autres démêlent les fibres de coco pour les insérer dans une machine qui aide à la fabrication de cordes ou de ficelles. Au bout d’une allée bordée de bougainvilliers nous sommes accueillis sous une immense tenture multicolore où sont disposées des chaises recouvertes de tissu blanc. On nous offre des plats typiques et des boissons fraiches que nous apprécions avant le début d’un spectacle de Kolkali, danse folklorique locale, animé par de très jeunes filles.
Les « Tucs-Tucs » qui nous ramènent au car se faufilent prestement à travers les rues étroites du village où règnent là aussi de multiples activités difficiles à décrire car l’organisation échappe à mon observation. Tout est vif dans le mouvement et notre chauffeur évite autant que possible les ornières. Sur son tableau de bord il y a un chapelet. Notre car nous conduit ensuite à l’église Saint-George, la plus vieille église de Kumbalangi, construite par les britanniques au début du XIX ème siècle. A l’extérieur une grande affiche de notre nouveau Pape François, et un chemin de croix me transportent un instant en Europe. Chaque station de ce chemin de croix est représentée par une grande affiche (image sur tissu) surmontée de deux ampoules basse tension. L’intérieur de l’église est très épuré. Deux jeunes filles en sari font le signe de croix, prient à genoux, touchent les images des saints puis se portent la main au coeur comme le font les hindouistes pour les divinités.
Comme à Colombo au Sri Lanka sur le côté de cette église immaculée je vois une statue de la vierge dans une grotte reconstituée et Bernadette priant à ses pieds.
La religion naturellement pratiquée est l’hindouisme.
Nous retournons à Cochin (Kochi) à travers la campagne avec de chaque côté ses eaux tranquilles et les centres piscicoles.
Le centre ville grouille encore plus que le matin. Les cars publics que nous croisons sont bondés. Il n’y a pas de fenêtres fermées. Le concert de klaxon est proportionnel au nombre de véhicules mais surtout de « Tucs-Tucs » qui continuent de se faufiler adroitement dans ce brouhaha de circulation. Les échoppes pour tous les goûts bordent les rues, j’aperçois un homme qui s’active devant une machine à coudre. Quelquefois de belles maisons avec juste à côté des tas de gravas, des rues en chantiers inachevés, et des cours d’eau épais de détritus. Les enfants sortent des écoles dans leurs beaux uniformes. J’ai vu un petit garçon de 6 ans à peine, en culotte courte, blazer et cravate avec un sac énorme sur le dos comme nos écoliers. La vie est bien là aussi comme partout ailleurs dans le monde !
Vers le port de gigantesques terrains sont remplis de billots de bois et des camions bien décorés
se chargent de ferrailles. Les policiers sont toujours là.
A 13 heures nous sommes de retour sur le bateau.
Nous n’avons pas eu l’occasion d’acheter notre magnet. Seule regret de cette excursion.
14 h 30 : Au revoir Cochin. Je suis sur le Pont , l’air vivifiant sous la chaleur me permet quelques croquis et écritures. Notre paquebot prend le large et trace un immense sillon d’écume au bout duquel un autre paquebot fait aussi sa route. De la côte de verdure il ne reste que d’énormes silots ou grosses cuves bien visibles à l’oeil nu. Derrière des immeubles qui s’estompent on devine encore quelques maisons au milieu de la végétation. Toute une vie est là dans les murs, dans les rues.
Nous naviguons parallèlement au profil des côtes indiennes en nous dirigeant vers notre prochain port d’escale : Goa.