Un chemin court dans la forêt sous ses petites jambes. L’horizon, l’orée du bois, le bois, tant de bois, que fais-tu je vais au bois tailler, couper, défricher et déjà la grande menuiserie où sur la porte est écrit entrez sans frapper, et les énormes machines frisent les copeaux sur le sol en terre battue, les troncs des arbres sont découpés, la menuiserie on l’entend jusqu’au village.
Des rues, un carrefour et à l’intérieur des intersections, la peur de se tromper, l’incertitude, le doute sur cette nouvelle route tellement grande, tellement loin du chemin qui court dans la forêt, le bruit des voitures qui savent déjà tout ce qu’elle ne sait pas de son silence.
La grande maison, un corridor, une pièce, celle où elle ne va jamais, le piano qui ne chante plus, la table ensevelie de souvenirs, elle ne sait pas les mots pour photographier les secrets. Devant la maison sous la fenêtre de la cuisine, il y a un banc à l’ombre d’un cèdre bleu, de l’autre côté de la route des tourterelles sont en cage, il faut pousser le portail enguirlandé de fleurs du pommier rose du japon pour aller leur donner à manger.
Le chemin de terre, les primevères, la mousse, le chien qui court, la vigne, tant de vignes, les sécateurs, le tracteur rouge, le tombereau, les grains de raisins roulent dans ses petites mains, la voix espagnole des vendangeurs, le dimanche la paella pour le repas.
La distillerie, la gerbe de fleurs accrochée au tombereau c’est la gerbeaude, les vendanges sont finies, un monticule de râpes de raisins s’amoncelle dans la cour ; dans la brume du matin, les paysages se reflètent sur les fenêtres de la grande maison, c’est la rentrée ; sur la route de l’école, il faut mettre un foulard pour se protéger du vent venu de l’océan.