Le matin dès que j’ouvre la fenêtre Placide se précipite pour entrer. Je l’attrape bien vite pour lui essuyer les pattes. Au début de l’hiver elle n’apprécie guère et puis au fil des jours du froid ou de la pluie elle résiste moins. Elle a bien compris le passage obligé pour pouvoir entrer, manger, s’installer dans son fauteuil et y dormir une grande partie de la matinée. Son fauteuil c’est aussi mon fauteuil. Celui de la broderie le soir. Placide aime y être sur mes genoux, elle bouscule mon ouvrage, me pousse la main, elle veut être le centre de tout mon intérêt. Au bout d’un moment elle se calme, je la remets en place sous le torchon qui protège ma broderie. Elle se rebiffe un peu puis décide d’accepter ma volonté. Elle ne bouge plus, puis s’endort. Souvent l’aiguille de ma broderie s’arrête et je dors aussi. Au réveil, tard dans la nuit, je la prends dans mes bras. Je lui ouvre la porte du grenier, son appartement, où elle a aussi un fauteuil rien qu’à elle toute seule. Je sais qu’elle y reçoit un chat.
L’été elle préfère dormir sur des cailloux.