Sur la terrasse, sous la tonnelle, ses épaules sentent le vent qui balance les raisins. A la radio les voix chaudes des italiens chantent leur coeur : c’est la Toscane, la douceur, les contrastes, le silence qui se fait musique, les hirondelles qu’elle dérange à peine. Elle a fini les aquarelles, les a glissées dans une énorme boîte aux lettres rouge à « La Palto ». Elle est allée acheter le pain, elle a attendu la boulangère en discutant un peu avec une dame un peu âgée «mi piace i fiori», lys, giglio, camélia, camelia, hortensia, ortensia, hibiscus, ibisco : un échange de noms : ça ressemble, ça rassemble. Le pain est arrivé, il fait beau et doux. On va faire un piccolo giro, un petit tour, une promenade, una passegiatta… On vit lentement, ici rien ne semble urgent, seulement important. Elle ferme les yeux, se laisse envelopper par le vent qui balance toujours les grappes de raisins. On est en juin, les jours sont longs, les nuits sont courtes et suffisent à se reposer. Les jours sont emplis de rêves, d’instants passés et remémorés ! Les repas sous la tonnelle, proscutto, mortadella, pane, ricotta e vino. L’air est haut comme la terrasse où on domine la vallée à vol d’hirondelles. La sieste, le soleil et les rêves présents et à venir. Les soirées sont douces « in piazza ». Le ramazzoti caldo réchauffe le coeur, le cercle s’agrandit, on écoute, on boit. Les bambini font du vélo , du skate, mangent des gelati, on rit on parle de Napoli, on paye une bouteille de prosecco, ça pétille, salute, tchin tchin, on se rapproche on se comprend, on se souvient, on note une adresse mail, on boit del mandarino caldo, merci Allessandro tutto va bene. On est heureux, arriverderci, ciao, buona notte ha domani. Les parfums des odeurs de glycine nous accompagnent. La maison est grande, on écoute Turandot di Giacomo Puccini : une merveille d’éternité ! Nous passons intensément et doucement, intensamente e dolcemente…